vendredi 4 mars 2011

Sortez couverts mais rentrée littéraire


Quatre ans après la parution de son précédent roman, Je te retrouverai, les éditions du Seuil nous offrent, en même temps que tous les éditeurs qui sont apparemment incapables de répartir les sorties sur l’année - appelez ça la rentrée littéraire - le dernier opus du très talentueux John Irving.

Je ne taris pas d’éloges à propos du bonhomme. En effet, je suis un grand grand fan des romans de l’américain même si je n’aime pas tout, mais je crois qu’il ne serait pas plus mal de refaire un petit topo sur l’auteur.

John Irving est un homme charmant, né en 1942 (d’ailleurs c’était son son anniversaire mercredi et j’ai complètement oublié d’envoyer un SMS..) dans le New-Hampshire, en Nouvelle-Angleterre, région chère à son coeur, dans laquelle se déroule une bonne partie de ses oeuvres. Je passe un peu sur sa période primaire où il jouait aux billes (bah forcément, il n’y avait pas de Pogs..) mais John devient un champion de lutte au lycée et c’est un des thèmes récurrent dans sa bibliographie. Il passe par l’atelier d’écriture de l’Iowa où il est en particulier coaché par Kurt Vonnegut, auteur comme tout le monde le sait de grands livres que je n’ai pas lus. Bon, jusque là je ne connaissais pas du tout cet atelier, apparemment très réputé aux States, mais il se trouve que le détail à de l’importance si vous lisez la suite de cet article. Bref, Johnny sort son premier roman Liberté pour les ours à l’age de 25 ans. Il s’agit de deux l’histoire deglinguée de deux jeunes déjantés qui font le tour des zoos de la vieille Europe et décident de libérer les ours comme le titre l’indique.

D’un point de vue perso, je n’ai pas aimé ce roman là ; je le trouve difficile à lire tant les dialogues partent dans tous les sens et finalement pas très passionnant. En revanche, le roman qui a vraiment lancé Irving dans le cercle des auteurs de best sellers (et non pas des poètes disparus), Le Monde selon Garp, est une véritable merveille et on voit tous les mécanismes et thèmes d’Irving se mettre en place : émancipation des femmes (Garp est mis au monde et élevé par son infirmière de mère qui seule se débrouille pour tomber enceinte et devient la "première" grande féministe), la Nouvelle-Angleterre des années 60, Vienne, les ours, le rapport père-fils et les craintes liées à la paternité et surtout la concupiscence, thème majeur de ce roman passionnant et très dense.

Depuis, plusieurs très grands livres ont suivis dont, pour citer mes préférés, L’Hotel New Hampshire, Une Veuve de papier ou Je Te Retrouverai. C’est donc avec grande impatience que j’attendais Dernière nuit à Twisted River dont la sortie aux Etats-Unis date de Novembre 2009. Parlons-en, donc.

Il est souvent reproché à Irving de doubler le nombre de pages de ses histoires et de perdre le lecteur en digressions diverses. S’il est en effet toujours un peu difficile de rentrer dans ses romans (les chapitres font au minimum quarante pages et le premier est toujours un peu rébarbatif) je trouve qu’en général le passage pénible est de courte durée et qu’une fois à l’intérieur, il devient impossible impossible d’en ressortir. Cependant, cette fois-ci, je dois reconnaître que je me suis demandé, lors de la lecture des cent premières pages si je ne tenais pas un exemplaire de la collection Que Sais-je ? sur l’Histoire et l’Evolution du transport fluvial de bois et des bûcherons qui le découpent. Certes il s’agit là du contexte dans lequel on veut nous faire rencontrer les personnages et une description précise de ce contexte aide à la compréhension de ces personnages. Mais quand même. On a tendance à lutter contre le sommeil. Et c’est dommage, car comme d’habitude les personnages sont incroyables, fouillés et extrêmement attachants.

Il y a Dominic le cuistot, qui boite et qui élève seul son fils de douze ans après que sa femme (une tendre cousine) se soit noyée dans la rivière. Il couche avec Jane, la grosse indienne que Dany, le jeune fils en question, confond accidentellement avec un ours. Il y a Ketchum, le bûcheron bourru qui semble lié par on ne sait quel accord tacite à Dominic et qui veille sur eux. Il y a Tombe du ciel, jeune parachutiste nudiste et féministe esquintée par la vie. Et tant d’autres personnages d’une force incroyable que l’on va rencontrer au cours de ce roman, dense, qui nous raconte la vie de ce père de son fils et du fils du fils.

Le livre ravira les inconditionnels de John Irving, car en plus d’aborder les thèmes chers à l’auteur et déjà mentionnés plus haut (paternité, tout ça...) il fait le lien entre des choses vécues par Irving et par Danny (qui devient écrivain dans le livre). Ainsi Danny participe à l’Atelier d’écriture de l’Iowa et est guidé par Kurt Vonnegut. Il écrit un roman sur l’avortement suite à une expérience dans une clinique à la frontière avec le Maine (ce qui n’est pas sans rappeler un autre roman d’Irving, L’Oeuvre de Dieu ; la part du Diable). Tous ces détails donnent une grande cohésien à ce roman là mais aussi à l’Oeuvre d’Irving en général.

Finalement, une fois qu’on a enfilé sa chemise à carreaux et qu’on a passé le début difficile du roman, on reste sous le charme - et le joug ! - de cette nouvelle histoire toujours pleine de mélancolie, de vie ratée et qui nous rappelle, comme le dit si bien Dominic, que l’on vit tous dans un monde d’accidents.

mercredi 12 janvier 2011

Zone d'Ecoute Prioritaire #1


En avant première mondiale, je vous propose de découvrir le premier bulletin de la toute nouvele chronique que j'écris pour l'excellent site DEAD ROOSTER.

Les acronymes c’est cool et ça permet de faire genre on est hyper occupé et hyper tendance. Souvenez vous, lorsque vous avez téléphoné à votre ami Jean-Louis, enseignant :

  • "Salut Jean-Louis, ça roule ?
  • Ah salut mec, ouais ça va mais depuis que je suis TZR dans la région PACA j’arrête pas ! D’ailleurs je dois te laisser, on se rappelle ASAP !"

Bref, vous aurez compris, les acronymes sont hype. Du coup, en cherchant un nom pour ma nouvelle, et toute première, chronique, dont l’objet est la présentation de groupes franco-francophones, j’ai trouvé cette petite référence à l’éducation en milieu défavorisé plutôt chouette. Certains vont penser que je sous-entends que vos oreilles ont besoin d’aide particulière. Ce n’est pas tout à fait faux.

Pour ce premier billet, je vais vous parler des EPs de deux formations françaises que j’affectionne particulièrement.

Les propriétaires d’iPhone l’auront peut-être constaté, mais lorsque vous écrivez un Short Message System (ou SMS pour utiliser encore un acronyme !), le logiciel d’écriture intuitive remplace automatiquement LA (respectivement MA) par LE (respectivement ME). Sachez que je n’écris pas cette article avec un logiciel de la pomme et que donc, et malheureusement, LA FIANCEE n’est pas la mienne mais une jeune et charmante chanteuse qui nous livre une musique folk intime et légère portée par une voix claire et douce.

Depuis à peu près un an, Claire de son prénom, nous propose à cadence régulière des florilèges de chansons d’une grande qualité, dont certaines composées par le génialissime Florent Marchet. L’opus qui nous intéresse ici, troisième d’une série de quatre et nommé simplement Trois, rassemble une sélection irréprochable de reprises interprétées avec brio. On s’émerveillera sur la version cabaret du Bien Avant de Benjamin Biolay, on remuera du popotin sur le titre oublié Tout ce qui nous sépare de Jil Caplan mais on aura commencé à vibrer dès l’Ouverture d’Etienne Daho. Le mélomane averti aura donc constaté la présence des fins fleurons de la pop, courant musical que La fiancée semble bien avoir épousé.

La deuxième galette que je voulais vous présenter ici n’est pas celle dite des rois mais plutôt d’un quintette français, recruté sur Myspace et qui porte curieusement le nom d’une station thermale allemande. J’ai nommé Baden-Baden. Si le titre Anyone affole un peu la blogosphère depuis quelques temps et a valu à la formation parisienne quelques bons papiers de ci de là, je n’ai pour ma part découvert le groupe que très récemment, en achetant comme tout le monde l’EP à la fnac. Pour rester dans un registre francophone, car c’est un peu le but de la chronique, je n’hésiterais pas à dire qu’on se retrouve à la croisée de groupes comme Montgomery, Malajube ou encore Girls in Hawaii. Nous sommes en présence de six chansons qui alternent entre l’anglais et la langue de Molière. Les morceaux du début de l’opus sont de véritables bijoux de finesse (Anyone, 78) et il est carrément jubilatoire de passer du sourire des premières notes de Ukulélé de TV aux riffs de guitare puissants de la fin du morceau. Les paroles de l’excellent Alice risquent de vous trotter dans la tête un certain temps. Un bon bain de pop, en somme.

Les microbes ne me font rien

Chers amis et Gabs bonsoir.

Nous sommes en 2011. Bon ça, a priori vous le savez: votre crise de foie liée aux excès des fêtes s'est transformée en une sympathique gastro, ce qui vous a permis, entre autres, d'occuper le temps aux toilettes à éplucher les différents cadeaux de Noel (qui pour la plupart, resteront stockés dans cette même pièce) - comme ce magnifique ouvrage sur les 1001 façons de construire une niche de chien en osier ou encore ce poster avec un camion - voire un car - et une tête de loup à l'oeil brillant.

Une nouvelle année commence de manière générale, et très globalement, par le mois de Janvier. Ce mois est plutôt cool. Déjà parce qu'il contient le jour le plus important de l'année, mon anniversaire, dont la célébration reste une ode à la charcuterie (en particulier au Serrano de Bergeras - brevet de blague en cours de dépôt) mais aussi car je n'ai pas grand chose d'autre à faire qu'aller au ski ou faire des jeux.

Les mauvaises langues que vous êtes vont faire semblant de s'indigner quant à cette déclaration qu'ils jugeront provocatrice mais c'est la vérité. J'ai été débordé et vous, lecteurs assidus de ce blog, vous en êtes rendus compte puisque vous m'avez réclamé à corps et à cris de nouvelles publications. Alors accrochez-vous parce que ça décoiffe.

Dans la voiture qui me ramène du ski,nous écoutons une compilation de type musical sur laquelle un morceau capte mon attention. Et alors à ce moment là du récit, votre esprit est inondé de questionnements "Quoi il était au ski ? et avec qui ? et c'est quoi ce morceau génial qu'il va encore nous faire découvrir et pour lequel nous lui serons encore plus redevable d'exister ? etc..."

Commençons donc par le commencement.

Comme je vous le signalais plus haut, je n'ai pas grand chose à faire. Il fait froid. Il fait moche (enfin pas à Bordeaux, car il il y fait toujours beau). J'ai envie de changer d'air. Du coup, je me dis qu'un peu de glisse sur un revêtement blanc, humide, souple et pas trop dur serait tout indiquée. Et je ne parle pas du pénis de Gabs. Je parle de ski, bien entendu. Et justement, vendredi 7 Janvier, 14h38, coup de fil.

"OOuuuUUiiII EEuuUUhh c'est GAaaBbs je suis dans mon car là, je transporte des petits enfants aveugles à une expo de peinture, c'était pour te dire que je travaille pas lundi"

Marcello : "Ah bin attends, je le note dans mon carnet qui recense tous tes faits et gestes depuis Avril 1998"

Gabs : "Pauvre type! c'était pour te dire que je serai libre pour que tu illumines une de mes journées"

Marcello : "Tu travailles aussi dimanche ou bien t'en branles pas une deux jours consécutifs ?"

Gabs : "Non non, j'ai deux jours à ton entière disposition"

Marcello (choqué par si peu d'activité professionnelle) : "Et si on allait au ski du coup ?"

Gabs : "Ah super, j'adore le givre"

Etant spécialiste de l'évènementiel, je m'occupe de l'organisation du séjour. En moins de deux, hôtel réservé dans la charmante bourgade de Cauterets. Ah, Cauterets, ses pistes de ski, son casino, ses thermes... Au moyen de mon véhicule personnel, nous nous rendons, avec l'ami susnommé dans la station de ski susnommée en empruntant la nouvelle autoroute de la vieille Pau en 2h50 montre en main et chibre à l'air.
Nous sommes donc en mesure de pratiquer qui du ski, qui du snowboard pour les plus virils d'entre nous. Après que Gabs ait loué son matériel pour enfants chez Bernard Sports Tifs (articles de sport et haute coiffure pour hommes, femmes et enfants), nous rejoignons le domaine (moyennement) skiable du cirque du Lys où nous sommes carrément sous le blizzard. On y voit rien. On se croirait à Abidjan (à ce propos petite blague d'actualité : Qu'est ce qui pourra arrêter Laurent Gbagbo ? Un Iceberg bien entendu!).
Cela ne nous empêche pas de remonter la piste et de la descendre en 10 minutes alors que les télésièges si lents qu'on dirait qu'ils reculent mettent 15 minutes juste pour remonter.
Au terme d'une journée fort épuisante, nous nous détendons en slip de bain aux thermes (vous remarquerez comme ce bulletin est bien écrit). Une bière dans une chouette brasserie et Gabs s'endort à son heure habituelle (20h52). Je ne tarde pas à l'imiter après avoir lu deux chapitres de mon livre actuel (Les anonymes de RJ Ellory auteur du très bon Seul le silence dont j'ai déjà parlé ici). Nous nous réveillons le lendemain autour de 7h46. J'ai une haleine de chacal (j'ai oublié ma brosse à dents et Gabs refuse de me prêter la sienne - qu'il croupisse en enfer!).
Après un petit déjeuner frugal, et en ayant éviter de croiser le proprio de l'hôtel qui a tendance à vous tenir la jambe pendant dix mille ans pour vous parler des photos de son fils qui est un pro du ski et surtout pour vous dire que si vous passez sur un caillou après votre planche c'est une étagère, rien d'autre, nous reprenons la télécabine pour nous rendre en haut de la montagne. Il fait un temps magnifique et c'est un pur bonheur.
La visibilité me laisse le plaisir de voir enfin Gabs skier, ce qui est un spectable en soi. Jean-Marie Bigard à côté, c'est de la pisse. La journée est donc une fois de plus intense. Gabs a le plan avec la serveuse de la cafet', Jeanine, jeune blonde décolorée de 58 ans. A partir du moment où nous ne sentons plus aucun de nos membres, nous décidons d'arrêter et de descendre de la montagne (pas à cheval). Il est 16h34. Le temps de se changer, de régler les formalités de départ (la caution de Gabs pour avoir montré sa bite), nous sommes dans la voiture à 17h30 et nous prenons l'itinéraire qui mène à Bordeaux car c'est plus pratique que celui qui mène à Toulouse si on veut rentrer chez nous.

Et donc, sur ce trajet du retour, perdu dans mes REMIniscences de ce week end qui s'achève (on dirait une chanson de Roch Voisine, dédiée à Rémi), je suis sorti de mes pensées par un morceau que je trouve super.

"Putain c'est quoi ce morceau Gabs c'est hyper bien ?!"

Gabs (l'air réprobateur) : "je vois que tu n'es pas très attentif aux samplers du magazine Magic, il s'agit de Baden Baden"

Marcello : "le groupe ou la station thermale ?"

Gabs : "pauvre type! le groupe"

J'avais déjà lu ce nom un paquet de fois dans les magazines spécialisés des spécialistes du genre mais n'avais jamais pris le temps d'écouter la formation française. Du coup hier, Mardi, lendemain du retour du ski, je file à la fédération nationale d'achat des cadres (fnac pour les intimes) et bim j'achète une galette des rois. Mais non voyons, la galette des rois je l'achète à la boulangerie ! Et par galette, j'entends briochée, il m'est inutile de le préciser, un peu comme pour le beurre qui est toujours salé vu que je ne vois pas l'intérêt du beurre doux.
Bref, à la fnac j'achète l'EP de Baden Baden, qui se nomme 78 et dont je vous recommande à tous l'écoute et dont la chronique détaillée fera l'objet d'un post un peu plus tard.

Je vous laisse, le film va commencer.