samedi 4 mai 2013

Stupeur et ronflements



Chers amis et Gabs,

je dois vous annoncer à tous que je ne me lasse pas de vos messages d'admiration. Soyez sans crainte, tout votre courrier est lu et mon assistance devrait bientôt vous faire parvenir vos photos dédicacées.

Il semblerait que parmi vous, un pourcentage non négligeable soit littéralement fan de mes récits de voyage et m'en réclame chaque jour davantage. J'ai donc décidé de profiter de ce samedi qui, bien que prometteur quand je me suis levé dès potron-minet (10h49), vient de se couvrir et me permets de buller à l'intérieursans ressentir la moindre once de culpabilité pour vous raconter mon périple du mois d'Avril en Irlande.

Lors de la célébration de cette délicieuse fête qu'est Noël, mon jeune frère Mathias (que les lecteurs d'un ancien site web devenu culte connaissent déjà) me parle, entre deux bouchées de cochon de lait farci aux cèpes, de la chaussée des géants. Je ne sais plus comment le sujet est arrivé sur le tapis persan (il me semble que nous parlions de cette excellente série Game of Thrones et de ses lieux de tournage) mais bref, je lui dis que je ne vois pas du tout de qui il parle et ce dernier m'explique qu'il s'agit d'un site naturel d'origine volcanique composé de milliers d'hexagones réguliers et qui forment une espèce de chaussée un peu casse-gueule comme le début de la rue Leyteire que je vous déconseille d'emprunter à vélo un jour de pluie sauf si vous voulez tourner une séquence de Jackass. Cette dernière phrase étant hyper longue, je reprends mon souffle. L'endroit se situe sur la côte de l'Irlande du Nord, endroit que mon esprit associe avec moutons, pluie, whisky et avec la ville de Belfast.

Aaah Belfast... J'avais lu il y a deux ans un livre qui m'avait pas mal marqué. Il s'agit d' Eureka Street de Robert McLiam Wilson, roman choral en pleine période de troubles faisant intervenir tout un tas de personnages plus attachants les uns que les autres et donnant même envie de réécouter Zombie des Cranberries. J'aime beaucoup voyager dans les villes ou endroits qui furent le lieu d'action de lires que j'ai aimés, ce qui me permet une visite et une exploration plus intimes et personnelles et me replonge dans le bouquin. Bref, j'avais envie de voir Belfast depuis un certain temps.

Ainsi, en ce début d'année 2013, la lumière jaillit dans mon encéphale. Je précise à mes lecteurs que je n'utilise aucun dictionnaire de synonymes. Mon cher ami Guigui a justement l'occasion de se rendre régulièrement dans la capitale Nord-Irlandaise pour voir sa petite amie qui passe une année là-bas et il veut également me rendre visite à Stockholm. Le jeune Mathias doit assister à une semaine de conférences au Royaume-Uni au printemps. Ni une, ni deux je mets sur pieds un petit programme qui m'excite au plus haut point.
Guigui vient passer quelques jours à Stockholm, nous partons tous les deux depuis la Suède pour Dublin avec Aer (Cuni)Lingus - bonjour la finesse sur ce blog! - où Mathias nous rejoint. Après quelques bières dans Temple Bar, nous prenons la route pour Belfast où la petite amie déjà mentionnée - Coralie, de son prénom - nous rejoint pour un road trip sur la côte. Emballez, c'est pesé.

Au fur et à mesure que les jours rallongent (si c'est sympa de pouvoir aller picoler en toute légitimité à 17h car il fait déjà nuit depuis deux heures, il faut reconnaître que ça fatigue), nous convergeons vers cette fameuse semaine d'Avril, mois où à Stockholm l'expression, ne te découvre pas d'un fil prend tout son sens. Je rajouterais même sors pas de chez toi c'est inutile.

Ainsi Guigui arrive donc en Scandinavie avec sa bite et son couteau et notre ami commun Mickaël qui s'est incrusté à cette partie du projet. Ne voulant pas faillir à ma réputation, je leur fais faire le tour du proprio version grande classe. Dégustation de renne dans mon resto préféré , balade sur les quais, petite bière en terasse à Skeppsholmen sous 18 couches de couvertures en polaire (qui nous rappellent à Guigui et moi de bonnes pommes passées sous le plaid, avec une tisane devant les Simpsons mais je m'égare de l'Est) et le soleil (que j'avais réservé pour l'occasion 6 mois à l'avance) est au rendez vous. Je les laisse même me battre au Scrabble. Grand Prince. Le week-end de 4 jours passe à toute vitesse.
Petit hic à ce début de séjour idyllique, ces chers messieurs et surtout un - dont je tairais le nom mais qui n'est pas Mick - ronflent. Mais pas le petit bruit sympathique qui peut en certaines circonstances vous bercer. Non non non. Plutôt le bruit d'une cafetière à filtre quand il n'y a plus que quelques gouttes d'eau dans le réservoir et que l'aspiration fait trembler toute la cuisine.
Autant vous dire de suite, je ne dors pas pendant 4 nuits. Même avec mon casque anti bruit. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, je me surprends à rêver tout simplement d'une nuit au calme dans un lit douillet et même à me dire qu'il est hors de question que je dorme avec qui que ce soit pour les cent ans à venir, y compris une jolie irlandaise (de toute façon une jolie irlandaise c'est un mythe).

Le dernier jour de ce chapitre suédois de nos aventures arrive. J'ai un peu de travail (oh ça va hein, il m'arrive de temps en temps de travailler une heure ou deux hein c'est bon!) et je propose donc à mes amis d'aller faire un tour à Uppsala mandre - jolie petite ville universitaire à 70 km de Stockholm - et de se retrouver en fin d'après midi pour quelques bières et soyons fous, un petit dîner. Mes amis en ayant déjà marre des pommes de terre et du hareng fumé, nous optons pour un resto italien que j'adore, notamment pour ses Linguine alla Vongole (un de mes plats préférés, notez le chers lecteurs pour l'éventuelle fois où je vous ferais l'honneur de venir chez vous). Le planning adopté, nos chemins se séparent pour mieux se retrouver plus tard (dans 20 ans cette phrase sera étudiée en classe de 4ème).

Seulement voilà, je finis mes petites affaires à l'heure du fika et ayant rendez-vous avec les autres zouaves vers 17h30, je décide d'aller à la session hebdomadaire de floorball de 16h, sport national dans lequel je me suis pas mal investi au long de l'hiver et que j'affectionne de plus en plus tout en restant aussi mauvais. Si mon jeu est en effet celui d'un débutant, il arrive que je m'en sorte pas mal. Mais pas cette fois. Le manque de sommeil des nuits précédentes se fait sentir dans tout mon corps qui peine à se mouvoir avec son aisance habituelle et je suis en retard sur pas mal d'actions. Et naturellement, le drame arrive. 57ème minute de jeu. La tension est à son comble. Il reste 3 minutes et nous perdons. Ayant réussi à me dégager de la défense adverse, un coéquipier me passe la balle. Faisant preuve d'une abnégation totale, je donne mes dernière forces pour courir jusqu'au but, la balle au bout de la crosse que je fixe sans regarder autour de moi. Bam. C'est le choc. Mon front heurte le front d'un défenseur viking portant un casque à pointes. Je m'écroule. Le public retient son souffle. J'essaie de me relever complètement groggy mais je suis couvert de sang. Les joueurs s'affolent. On m'aide à quitter le terrain. Les gens me conseillent de ne pas regarder la blessure, je suis apparemment salement amoché et il faut que j'aille aux urgences. Deux suédoises avec qui nous jouons me prennent en charge; elles appellent un taxi et me mettent un premier pansement.
J'arrive à l'hôpital et un chirurgien m'affirme que des points ne sont pas nécessaires, il évacue le sang sous l'hématome et me colle la blessure avec des steril strip et protège la plaie à l'aide d'un gros pansement. Je me regarde dans une glace. Je ne me reconnais plus, je suis affolé, j'ai peur de ressembler à Frank Ribery. Le lendemain, l'Equipe titrera Le front en pendentif.


Je retourne au bureau récupérer mes affaires. Mon collègue Tony, irlandais qui ne manque pas d'auto-dérision, me rassure. D'après lui cette blessure m'aiderai à me fondre dans la masse en Irlande et à passer pour un local. Il est grand temps de trouver un autre type de réconfort, je rejoins mes deux amis et nous allons illico presto déguster du vin rouge italien et autres mets pas dégueux. Je me couche mais je dors une fois de plus très mal. Si les ronflements sont toujours présents, c'est surtout mon pansement qui me gène, les positions sur le coté tirent dessus et il m'est clairement impossible de me mettre sur le ventre. Je n'ai plus qu'à mourir. Le sommeil me gagne. Je n'entends même pas Mick qui part à 4h du matin pour prendre son vol de 6h30 pour Paris.

Après un peu de rangement et un smoothie à la banane et aux baies d'argousier, Guigui et moi partons pour la raie au port. Le douanier me demande ce qui m'est arrivé. J'ai envie de lui répondre que je dissimule des explosifs sous mon bandage mais je m'abstiens. J'ai l'impression que tout le monde me regarde. Une petite fille dans l'avion me dévisage avec stupeur me montre du doigts et regarde sa mère avec inquiétude. Je décide de lire un peu. Je finis le décevant La grande embrouille d'Eduardo Mendoza, 4ème volet d'une série que j'avais pourtant beaucoup aimée.


Nous arrivons dans la capitale irlandaise. Tout est vert. Jean-Michel Larqué serait ravi. Nous récupérons la voiture que j'ai réservée au comptoir Hertz, Hertzé parti. On dirait un calembour de Gabs. La première étape du voyage s'avère être un charmant bed and breakfast dans un quartier un peu excentré mais proche de la mer et plutôt cossu. Nous prenons le DART, équivalent du RER, qui rejoint le centre de Dublin en 10 minutes. Nous nous dirigeons direct dans Temple Bar, centre névralgique de la ville où s'alignent pubs, pubs et pubs. Le problème est d'en choisir un. Le truc bien c'est qu'une pinte délicieuse ne coûte pas un mois de loyer comme en Suède. Mon acolyte me propose de dîner dans un resto qu'il a testé lors d'une précédente visite. Il s'agit de cuisine du Népal. Le plat s'appelle un Dal et ça tombe bien car j'ai l'estomac dans les talons aiguilles. Les serveurs sont tous beaux. Guigui m'explique que c'est pas qu'ils sont nés pas laids. Je reconnais en mon ami le rédacteur des blagues carambar.
Il est rapidement l'heure pour lui de se diriger vers la station de bus car il part dès le soir même pour Belfast rejoindre sa dulcinée. Je l'accompagne pour une promenade digestive le long de la Liffey et le dépose devant la fameuse aiguille de Dublin, monument phallique incontournable. Je regagne mon hôtel, seul, le pas léger et m'écroule sur mon lit et enfin, je dors.

Cette nuit de sommeil profond et ininterrompu me fait Dublin (depuis le temps que je veux caser cette blague...) et après quelques oeufs pochés déglicieux, je vais me promener sur la plage en attendant l'heure d'aller chercher mon punk de frère à l'aéroport car ce dernier arrive de Bristol (igo élément). Je récupère donc le colis qui a hâte de se rendre downtown au plus vite, ce que nous faisons, évidemment.
J'ai entre temps enlevé mon pansement et découvert une cicatrice qui ne me paraît pas si vilaine mais que mon frère qualifie tout de go de balafre. 
Après un petit tour du centre nous salivons à l'idée d'une petite bignouze. Ni une ni deux, nous voilà dans le beer garden du bar éponyme de Temple Bar. Il est 16h. Le temps est typiquement irlandais. Douze degrés, 3 minutes de soleil pour 27 de pluie et un joli arc-en-ciel.
Je parle à Mathias du programme de la soirée. J'ai envie d'aller voir un concert dans un haut lieu de la scène musicale dublinoise, appelé Whelans. Le groupe en question est une formation anglaise de pop indé dont j'apprécie le récent deuxième album et qui s'appelle Veronica Falls. Le concert est supposé commencer à 20h et il faut donc manger avant. Ceci m'aurait choqué un an plus tôt, mais après un hiver passé en Suède à déjeuner à 11h et à dîner à 18h, je commence presque à y prendre du plaisir.
Je suggère donc d'aller casser la graine dans une enseigne du coin dont la spécialité ravirait les diététiciens. Il s'agit de crêpes de pomme de terre roulées et fourrées de ragoût d'agneau, de carottes de cumin et d'une petite sauce genre tzatziki pour rafraîchir le tout.
C'est super light. Je me dis que je devrais être incapable de manger pour le reste du séjour. J'ai les dents du fond qui baignent et l'idée même d'une bière me barbouille.
Mathias a la bonne idée de prendre une part de fondant au chocolat de la taille d'une miche de pain et fait glisser tout ça avec une Murphy's, la bière qui contient l'équivalent de quatorze repas complets. Je frôle la crise de foie rien qu'à le regarder.
Nous marchons jusqu'au concert. Mathias se sent lourd. Je lui fais remarquer que prendre un dessert après ce repas copieux n'était pas forcément judicieux. Il veut un café, boisson à laquelle il attribue des vertus laxatives. Nous faisons donc étape dans un bouiboui proposant le breuvage en question dont il ne fait qu'une gorgée puis nous nous dirigeons vers la salle de concert qui n'est autre qu'un pub vraiment sympa avec une jolie scène. Un premier groupe du coin joue, franchement pas mal, et nous prenons du plaisir à les regarder depuis les canaps bien confortables en sirotant  un petit bushmills pour digérer les crêpes du dîner. Nous avançons jusqu'au premier rang pour voir les têtes d'affiche de la soirée. La chanteuse guitariste principale sauve le concert avec une énergie qui n'a d'égal que la tête d'enterrement des autres membres du groupe qui semblent avoir perdu toute leur famille 5 minutes avant le début du show. Néanmoins (et bouche en plus), je suis ravi d'être venu.
Toujours un peu fatigués et afin de ne pas louper le dernier DART pour rentrer à l'hôtel, nous décidons de rentrer nous coucher juste après la fin du concert, un petit pincement au coeur tant l'endroit était coolos.
arrivé à l'hôtel, Mathias, qui se plaignait toujours de se sentir assez lourd, pense que manger deux des petits chocolats fourrés de caramel fondu, et sur lesquels il est marqué un million de calories, est une bonne idée. Je reste sans voix. Au moment de m'endormir je prie pour que Mathias ne ronfle pas et, merci mon Dieu, mes prières semblent entendues puisque j'arrive à dormir plutôt pas mal.


Nous devons retrouver en ce vendredi notre ami Guigui à Belfast en fin d'après midi. Un rapide coup d'oeil par la fenêtre nous permet de constater à peine réveillés qu'il fait un temps magnifique. Je suggère donc à Mathias d'essayer de trouver une petite étape en chemin dans la campagne pour prendre un peu l'air profiter de la richesse de paysages que nous propose cette contrée verdoyante. Le jeune éphèbe trouve dès la première ligne du guide présent dans la bibliothèque du B&B ce qui semblerait faire l'affaire: une petite ville avec un château en ruines au bord de l'eau à la frontière entre l'Irlande et le Royaume-Uni. Nous filons donc tout droit mais en roulant à gauche vers ce haut lieu du tourisme mondial qu'est Calingford.
Certes un château en ruine il y a mais il aurait du être précisé que toute la ville est en ruines et qu'on ne peut rien visiter du tout. Cela dit, je dois reconnaître, que la vue sur la mer est plutôt jolie et dans l'ensemble l'étape est agréable. Nous décidons même d'entamer une petite marche sur les hauteur pour avoir un joli point de vue. Un vieux de l'office de tourisme nous propose un petit parcours d'une trentaine de minutes qui fait une boucle et nous emballe.
Nous commençons donc l'ascension de cette colline. Après dix minutes de marche dans de la boue qui fit regretter à Mathias d'avoir choisi une paire de chaussures blanches en toile pour son voyage en Irlande, nous croisons un charmant fermier et ses moutons à l'endroit où je pensais qu'il nous fallait bifurquer pour rejoindre la route. L'homme s'adresse à nous avec un accent irlandais ) couper au couteau que je ne comprends pas mais dont l'intonation me fait penser qu'une traduction du type "dégagez de là petits cons où je vous fous ma pioche dans le cul" serait appropriée. Nous continuons alors notre chemin sans trouver l'embranchement recherché ce qui nous pousse à faire demi-tour.
Arrivés à la voiture en sueur et couverts de boue, nous programmons le GPS vers Belfast et un restaurant bien noté sur TripAdvisor en espérant pouvoir y bouffer autre chose que de la patate frite qui dégouline d'huile. Rappelons que nous sommes au Royaume-Uni.
L'endroit est pas mal, du moins le cadre est vraiment agréable. Le truc le plus sain de la carte est un burger végétarien, servi avec des frites de patate douce. Ne soyons pas de mauvaise foi, c'était très bon. Le fromage de chèvre fondu avec les poivrons rôtis et la roquette fraîche sont un mélange que je renouvellerai pour mes incontournables Burger Parties.
Le quartier autour du restaurant, qui est celui de notre hôtel et de la Queens University est réellement charmant et à première vue, je ne comprends pas pourquoi Guigui m'avait mis en garde sur Belfast en la définissant comme le Beauvais du Royaume-Uni. Je vais très vite réaliser qu'à mon avis Beauvais est bien plus agréable.
En déposant les affaires à l'hôtel (que d'ailleurs je recommande vivement à toute personne ne pouvant éviter un déplacement à Belfast) je demande quelques renseignements à la réceptionniste. Elle me file un plan et je suis déjà heureux de constater que tout peut se faire à pieds. Elle me parle du fameux poisson sur les quais, de deux trois monuments et des chantiers du Titanic (qui je l'apprends au passage fut construit à Belfast). Je lui dis que j'aimerais voir les murals, vestiges et témoignages de l'époque des troubles. Elle prend un air de stupeur et complètement apeurée me dit de ne pas aller dans les quartiers loyalistes (surtout avec une voiture immatriculée en Irlande) si je ne veux pas quelques balafres de plus.
N'écoutant que mon courage, je décide de la croire et de rayer les murals de la liste des choses à voir.
Qu'à cela ne tienne, nous nous baladons dans la ville qui, dès que nous sortons du quartier de l'université, apparaît comme vraiment glauque. Une ville industrielle des années 70 qui n'aurait pas évolué depuis. C'est suffoquant. Une odeur de graillon flotte en permanence dans l'air et mis à part le poisson où nous retrouvons Guigui, rien ne trouve grâce à nos yeux.






Nous retrouvons Coralie une demi-heure après que Guigui nous a rejoint (j'espère, chers lecteurs, que vous savez tous que l'expression après que est toujours suivie de l'indicatif). Cette dernière nous emmène dans un pub clairement pas mal et nous essayons de trouver un endroit où dîner le soir; LE restaurant (de fruits de mer) semble complet. C'est vendredi soir. Je propose que nous tentions quand même d'y aller en leur racontant que nous avons bien une réservation au nom de Pépin et qu'il est inadmissible qu'ils ne la retrouvent pas. Mes amis n'osent pas tenter cette approche mais proposent quand même d'aller voir. Coup de bol, on nous propose une table une heure plus tard et nous allons donc tuer le temps dans un autre pub où nous découvrons le nouveau single de Daft Punk.
Le dîner est un délice. Ceviche de saint-jacques à tomber, poelée du même coquillage à la menthe sur un risotto aux asperges. Je suis conquis et me dis que tout n'est peut être pas perdu pour Belfast. Etant des petits vieux fatigués par cette journée Belfastidieuse nous prenons un taxi pour rentrer à l'hôtel, ce que j'appelle du savoir vivre.

Le lendemain matin, où nous avons normalement rendez-vous à 10h avec le petit couple, Mathias me fait son coup habituel du "vas te doucher en premier et dépêche toi que je puisse enfin y aller, on est pressés". C'est vrai que ça faisait longtemps aussi. L'idée de la journée est de longer la côte entre Ballycastle et Portstewart (où nous avons réservé un B&B) et de nous arrêter bien sûr à ma chaussée des géants mais aussi au pont suspendu Carrick-a-Rede et plus généralement dès que ça nous chante car c'est joli. Et j'avoue, la route est à couper le souffle. Les points de vue du haut des falaises et la couleur de l'eau se déchirant sur les rochers est un spectacle magnifique. 
Nous faisons une pause pique nique juste avant le pont suspensu-susnommé. Coralie a eu la gentillesse de préparer une petite collation composée de quinoa, de polenta et de choux. Ce qui apparaît comme le déjeuner d'un moine tibétain en pleine grève de la faim est aussi un soulagement pour nos transits intestinaux un peu en pleine saturation de graisse de friture et d'ailleurs l'effet sera radical pour Mathias qui ira marquer de sa présence à tout jamais les toilettes du site. 
Il faut marcher en bord de falaise un petit kilomètre avant d'arriver au pont suspendu que nous empruntons tous avec courage et dignité. Je continue de me demander pourquoi tout le monde persiste à me demander si moi aussi je l'ai bien traversé. Eh bien oui mesdames et messieurs, et avec une agilité et une classe internationales. La preuve en image. 




Une fois de l'autre côté, nous avons l'impression de regarder une carte postale. La mer scintille de reflets d'argent et le vents dans nos cheveux nous fait nous sentir en vie. Il y a même des oiseaux qui ressemblent à des pingouins. Coralie maintient mordicus que ce ne sont pas des pingouins car les pingouins ne volent pas. Je me dis qu'elle doit confondre pingouin et mouton (autre animal pas mal répandu en Irlande). Il s'agit en fait de macareux, ce qui soyons de bonne foi, ressemblent clairement à des pingouins. 
Nous filons ensuite en direction de la chaussée (aux moines) des géants. Coup de coeur immédiat. Le mathématicien en moi (qui finalement existe) est émerveillé par la présence naturelle de ces hexagones réguliers. La mer déchaînée nous éclabousse et la montagne dans notre dos ressemble au grand canyon. 
 C'est un réel spectacle que je n'ai pas peur de qualifier de grandiose, d'époustouflant et qui vaut à lieu seul le voyage en Irlande du Nord. J'accepterais même de retourner à Belfast pour le revoir, c'est dire.
Le retour au parking se fait par l'ascension d'une falaise qui, en plus d'être une marche extrêmement agréable, n'en demeure pas moins sportive et finit de nous achever pour cette journée passée au grand air.
D'un commun accord, nous quittons l'endroit pour aller se reposer au B&B avant de dîner. L'hôtel est une petite maison charmante avec vue sur une grande plage de sable jaune qui me rappelle la côte girondine. Les chambres sont douillettes et la propriétaire, élue clairement MILF de l'année consécutivement de 2008 à nos jours est charmante. Elle nous réserve une table dans un restaurant où nous mangerons de délicieux filets de bar frais et sa confiture maison d'oranges amères à la cannelle qu'elle propose au petit déjeuner est un délice.

Pour ce dernier jour, nous avons le projet de visiter Londonderry avant de déposer Guigui et Coralie à Belfast (mais de ne surtout pas s'y arrêter) et d'aller passer avec le frangin une dernière nuit à Dublin.
Londonderry ou Derry est une ville fortifiée qui fut le théâtre du tragique Bloody Sunday  qui inspira la chanson de U2. C'est aussi une ville fortifiée où une balade le long des remparts, pour peu que l'on ait vraiment à s'y arrêter, peut s'avérer agréable. Fidèle à lui même, Mathias laisse son empreinte dans les toilettes d'une sandwicherie où, pendant ce temps, je me compose avec brio un en-cas léger à base de poivron mariné, de dinde et d'oignon nouveau devant la stupeur de la vendeuse ne comprenant pas que je n'y rajoute pas un demi pot de mayonnaise. Je déteste tout particulièrement la mayonnaise.  
Nous repartons vers Belfast puis vers Dublin où nous arrivons à 19h. Cette fois l'hôtel est super central et nous permet de découvrir quelques rues bardées de pubs et de restaurants géniaux. 
J'enfile une chemise. Mathias me rappelle qu'il est inutile d'essayer de me faire beau, je reste Marcello le balafré. Nous commençons par un petit bar à vins et une assiette de charcuterie. C'est quand même autre chose que les onion rings et la sauce barbecue. Puis, après un délicieux filet de veau de lait aux morilles dans le très prisé Peploes, nous repartons à la conquête du temps qu'il nous reste et enchainons les verres de Bushmills qui dans un pub avec un concert de musique traditionnelle irlandaise (au secours), qui dans un sous sol en écoutant de la bossa nova, qui dans un bar à concerts où nous tapons l'incruste et où Mathias remplit à merveille son rôle de pique assiette en mangeant les petites cassolettes de pommes de terre que lui brandit un (canard) laquais. Nous rentrons complètement saouls à l'hôtel vers 2h du matin en réalisant que nous devons nous lever 4h plus tard pour attraper nos avions respectifs.

Au réveil, je suis frais comme un gardon et fier de constater que malgré mon âge avancé, l'alcool ne me fait toujours rien. Mathias, en revanche, semble accuser le coup. C'est avec un timing parfait que dégustons un délicieux petit déjeuner et déposons la voiture à l'aéroport avant d'embarquer. Le vol est mouvementé, pas mal de vent et de turbulences, si bien que jamais ne s'éteindra le signal Keep your seatBELFASTen mais c'est en survolant la mer du Nord que je me perds dans un sommeil profond dont je ne me réveillerai qu'arrivé à Stockholm où, pendant mon absence, la glace a fondu et le printemps semble enfin s'installer.




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