jeudi 2 mai 2013

Un printemps pas français




Nous sommes le 1er mai. Bon ok, peut être que lorsque ce message sera publié le calendrier aura un peu avancé mais bon, licence temporelle accordée, nous sommes le 1er mai, je suis toujours en Suède et justement, hier nous fêtions Valborg.

Vous vous demandez alors, chers lecteurs non initiés à la culture et aux traditions nordiques, de quoi je parle. Et bien en Suède, comme dans une poignée de contrées barbares, est célébrée la fin de l'hiver au moyen de gigantesques feux allumés dans toute la ville - que dis-je le pays ?! - et autour desquels la population, en majorité de sortie ce soir là avec marmaille et compagnie, se retrouve pour faire griller quelques saucisses et accessoirement une sorcière ou deux. En effet, cette petite sauterie a lieu exactement six mois après Halloween et, même si apparemment la symbolique de l'évènement diffère selon les suédois, tout le monde s'accorde sur l'origine païenne du truc.

Pour moi qui dit sorcière, dit chasse aux sorcières et en ce printemps mouvementé en France, toutes ces idées s'entrechoquent et font écho dans mon esprit qui tourne en permanence à une vitesse folle.
Ne voyant pas l'intérêt de continuer à défendre le mariage pour tous et jeter de l'huile sur des cendres, je ne réouvrirai pas ce débat dont l'existence même m'a profondément choqué.

J'avais, dans un précédent bulletin, fait une petite critique du précédent roman de John Irving et, considérant ce dernier comme un de mes auteurs préférés, je ne pouvais passer sous silence la sortie de son nouveau roman A moi seul bien des personnages. Si la concupiscence est un sujet plutôt récurrent chez l'auteur (il est clair que si vous n'avez pas encore lu Le monde selon Garp, je me demande pourquoi vous n'êtes pas partis en courant à la Machine à Lire ou toute autre librairie de bon goût), la façon de traiter le désir de ce nouveau roman m'a beaucoup surpris.
Le narrateur, William (je précise ici - me doutant que chaque détail sur ma personne vous ravit - que j'aime beaucoup les romans écrits à la première personne), est un jeune garçon sans père, élevé dans une famille du Vermont dans les années 60. Toute la famille est investie dans la troupe théâtrale et/ou dans l'établissement scolaire du patelin. Lorsqu'un nouvel enseignant metteur en scène débarque en ville et séduit la maman - aimable comme une porte de prison - de notre jeune héros, ce dernier - au seuil de l'adolescence - prends conscience d'un désir contre-nature envers celui qui devient son (beau)-père et s'inquiète de ses erreurs d'aiguillage amoureux qu'il essaiera de comprendre et d'apprivoiser au moyen de toute une littérature qui arrivera entre ses mains grâce à la bienveillante Miss Frost, bibliothécaire attentionnée.
Il s'agit donc de l'histoire et de la vie d'un garçon qui apparaîtra comme bisexuel dans la Nouvelle-Angleterre de la seconde moitié du siècle dernier. Le récit est carrément super cru mais jouit d'une force et d'une justesse qui m'ont beaucoup touché (bouleversifié comme dirait ma mère).

C'est un peu le sujet du très beau film de Xavier Dolan, Laurence Anyways, dont je conseille également le visionnage. Xavier Dolan vient justement, aujourd'hui Jeudi 2 Mai (je vous avais dit qu'on ne resterait pas le 1er Mai longtemps!) de présenter sa dernière réalisation: le clip du nouveau single d'Indochine qui traite de la difficulté d'intégration d'un jeune garçon différent dans un pensionnat pour garçons. Le clip, d'une violence inouïe n'en reste pas moins d'une beauté bouleversante et j'encourage mes fidèles lecteurs et autres détracteurs éternels du groupe susnommé à le regarder et à réfléchir quant à cette violence devenue partout banale.


En 1985, année marquée par ma venue au monde - je me permets de le rappeler à nos plus jeunes lecteurs - Indochine chantait 3ème sexe (et son fameux "c'est bientôt la chasse aux sorcière"). Toutes ces références cultes pour moi se rejoignent enfin en ce délicat printemps 2013. Le présent s'harmonise comme dirait le narrateur de l'excellent 22/11/63 de Stephen King (dont la lecture est impérative).

La mariage pour tous est voté. La neige a fondu à Stockholm et le ciel est d'un bleu profond. Espérons alors que l'hiver est bel et bien terminé.

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