vendredi 11 janvier 2013

C'était bien, souviens toi...





Chers amis, vous m'avez manqué et je ne doute pas un seul instant que moi aussi. Nous nous étions quitté il y a presque un an, même jour même heure même... Non, gardons quand même le clou de girofle du spectacle pour plus tard.
Après le succès indéniable de nos deux précédents séjours au ski avec mon ami Atlantic Gabs, nous voulions renouveler l'expérience en conviant, à titre exceptionnel, un couple (deux personnes de sexe opposé qui semblent avoir des rapports plus qu'amicaux) de jeunes gens a priori sympathiques, j'ai nommé Nico A. et Anna P. Cette idée ayant été mentionnée au cours d'un dîner dont je n'ai que quelques vagues souvenirs, elle semble avoir germé dans l'esprit des personnes susnommées puisque je reçois un message courant Novembre d'Anna me demandant - je cite - de transformer leurs vies en un film hollywoodien comme je l'eus fait précédemment avec notre ami conducteur de car. N'écoutant que mon coeur chevaleresque, je répondis  hélico presto - lol - de manière positive à cette requête que me redonnerait l'occasion de faire ce que se fait de mieux en manière d'évenementiel et de virilité.
Après quelques heures d'intense réflexion, je décidai donc de faire une proposition pour un séjour en Espagne dans la magnifique station ensoleillée de Baqueira-Beret du cul. Plus précisément, je proposais un hébergement dans un appartement mansardé, 3 pièces, Sdb, prox. commodités de la charmante bourgade d'Artiès, à 5km de la télécabine et bardée de bars à tapas.
Mes amis sont naturellement conquis par cette offre éblouissante et nous décidons donc de partir du 3 Janvier (jour de fête nationale dans plus de 20 pays) au 6 du même mois.
Le temps passe et nous convergeons à la vitesse d'un cheval au galop vers la date fatidique.
Décidant de déléguer un petit peu - à tort - l'organisation du séjour, je suggère une liste de courses non exhaustive - mais de première necessité -  incluant entre autres du beurre (naturellement aux cristaux de sel de mer, sinon ça s'appelle une plaquette de gras) et des barres de céréales, que nos amis décident délibérément, envers et contre tout, de ne pas provisionner.
Je décide, en ma clémence intérieure, de passer l'éponge. Errare humamum est, après tout.
La veille du départ, nous nous retrouvons tous pour une dégustation de pizzas et un départ synchronisé aux premières lueurs.
La nuit se passe. Je partage mon lit avec Gabs qui remue de tout son corps comme s'il était possédé. Je me garde bien de craquer une allumette dans la chambre. La teneur en méthane de la pièce me semble anormalement élevée comme l'indiquent les capteurs qui me servent de narines. Je dors 3h.
Néanmois - et bouche en plus - excité comme une puce à l'idée de dévaler des pistes à la vitesse de la lumière, je suis le premier debout, et le seul à me laver soit dit en passant.
Nous sommes 4 et étant chargés comme des mulets, nous partons à deux voitures. Gabs ayant eu de la chance au tirage, se retrouve en ma compagnie et celle des meilleurs groupes de pop de 2012 dont nous chantons les morceaux à tue-tête sur la route.
Après 30 kilomètres d'autoroute, le jeune éphèbe se rend compte qu'il a oublié tous ses papiers - incluant permis de conduire et pièce d'identité.- et ses lunettes de soleil. Je ne le félicite pas. Autant que sa rétine soit brûlée par le soleil qui nous attend sur les pistes ne me fait ni chaud ni froid, autant l'idée d'être arrêté à la frontière et de perdre du temps de ski me chagrine atrocement. Je suis impitoyable et décide de ne pas faire demi-tour. Advienne que pourra. Alea jacta est comme on dit en Suède.
Vers la fin du parcours autoroutier, id est aux 3/4 du parcours, une pause pipi est réclamée par les enfants qui nous accompagnent. L'occasion de prendre un café. Gabs est intrigué et tenté par le menu du chauffeur routier - un autre membre de cette grande famille que sont les conducteurs de poids lourds - qui consiste en un velouté de tomate dans lequel est trempé une chocolatine. Je ne m'étonne plus de rien. Tous les mauvais goûts sont dans la nature. Etrangement, une réorganisation des équipes s'opère et je me retrouve avec Anna qui me raconte une histoire charmante à propos du récent concert de Matthieu Boggaerts à Angoulême. Je ne fais pas attention à ce qui se trame dans la voiture de derrière, que j'ai du mal à voir dans mon rétroviseur tant j'ai l'impression qu'elle recule.
Nous passons la frontière et aucun comité d'accueil, ni tapis rouge. Pour un 3 Janvier, je suis surpris. Cependant, les festivités nous attendent plus loin car plusieurs policiers charmants - qui doivent travailler à Guantanamo à leurs heures perdues - nous arrêtent au rond point.
M'ayant tout de suite reconnu, les forces de l'ordre s'inclinent et me laissent passer en me souhaitant un joyeux anniversaire. Il n'en est pas de même pour la deuxième partie du convoi.
Gabs avait pris le volant, sans papiers, sans chemises, sans pantalon. Et avec la barbe naissante d'un clandestin syrien. Les deux comparses subissent donc une immobilisation de véhicule plutôt logique.
Après 15 minutes d'arrêt, je réalise que j'aurais eu le temps de descendre 3 pistes rouges et je décide de tenter le tout pour le tout. Je me pointe avec mon grand sourire. Ne parlant pas un mot d'espagnol, je comprends tout de suite que le rottweiler en uniforme me demande de dégager vite fait si je ne veux pas mourir dans une cellule avec un bout de pain sec et de l'eau croupie.
Ils ne rigolent pas de ce côté des Pyrénées et je commence à envisager le pire. Devoir rammener Gabs en France et revenir, ce qui transformerait ce séjour supposé idyllique en véritable Baqueira-Berezina.
Contre toute attente, les flics espagnols relâchent les joyeux drilles et nous voilà repartis vers la neige et le soleil.
Deux membres de notre équipée voulant à tout prix s'exercer sur le parcours débutant, nous décidons de nous garer directement au plus haut - secteur Beret basque - et skier sur cette partie du domaine en ce premier jour. Après un repas sain et léger composé de sandwiches à la grosse saucisse espagnole suintant le gras et au fromage fondu, nous voilà partis, Gabs et moi d'une part - sur les pistes pour adultes - et Anna et Nico de l'autre. Je suis ravi de retrouver mes sensations sans douleur aucune au niveau de ma cheville qui avait été salement amochée au printemps dernier. Gabs quant à lui semble peiner - je veux dire, plus que d'habitude - à descendre les pistes avec aisance et rapidité. Je mets ça sur le dos du manque de pratique et sur l'absence de visibilité due, me semble-t-il, à l'absence de lunettes sur le nez de mon ami.
La journée se termine bien. Nous retrouvons le petit couple et partons en destination d'Arties pour faire le check-in dans l'appartement que nous avons loué. Seulement, il y a un hic. Nous ne sommes pas les seuls à être venus skier à Beret en ce jeudi ensoleillé. Apparemment toute l'Espagne a eu la même idée, et il ne nous faut pas moins de 1h40 pour redescendre les 5 km qui nous séparent de la bourgade où nous sommes supposés prendre nos quartiers. Ce qui énerve Anna et l'effraie pour le reste du séjour, que nous vivrons dans la hantise la plus totale d'avoir à subir à nouveau des bouchons. Ce qui est apparemment le pire truc du monde.
L'appartement est coquet. Nous réservons une session sauna et jacuzzi pour le lendemain soir et prenons un petite douche avant de sortir nous gaver de tapas de vin rouge.
Arties est une très jolie petite ville toute en pierre, avec un petit pont, une petite place et un petit bar à tapas charmant, dont la qualité et la diversité me font encore saliver rien qu'à l'écriture de ces quelques lignes.
Dans la vie il y a deux types de personnes. Celles qui choisissent les tapas qui ont l'air bonnes, à bases de crevettes, de jambon ibérique, de noix de saint jacques ou de sardine fumée et les autres. Ceux qui choisissent par exemple la tapas composée de vache qui rit panée et de confiture de framboise, ou bien le morceau de pain recouvert d'une couche de mayonnaise avec des morceaux de thon en boîte. Je vous laisse deviner dans quel groupe je me trouve, au contraire de Nicolas. Je peux vous dire, à titre d'indice que je ne suis pas dans le deuxième. La soirée est une réussite, ce qui est aidé par le fait que 3 verres de vin et une bière sont facturés 5€ le tout. Vive l'Espagne.
Nous nous couchons, épuisés, saouls mais content à l'idée que ces vacances ne font que commencer.
Nous sommes un peu moins contents quand le réveil sonne à 7h30 - idée d'Anna pour éviter les bouchons - et qu'il faut préparer les sandwiches, se doucher (enfin en ce qui me concerne) et tout simplement sortir du lit. Mais bon, la skiette nous reprend assez vite et un regain d'énergie parcourt nos sens. Chacun prépare ses propres sandwiches. Certains avec brio et d'autres avec de la mayonnaise, voire pire.
En moins de temps qu'il n'en faut pour se moquer d'Anna, nous revoilà sur les pistes, secteur Baqueira la panthère noire (je me sentais obligé de caser la blague de Gabs mais vous avouerez volontiers que ce calembour n'est pas des plus heureux).
Nous skions la matinée en groupes séparés et nous retrouvons pour déguster ensemble, en altitude et face aux montagnes et au soleil, les sandwiches susmentionnés. Ceux de Gabs sont sécos et je ne peux m'empêcher de lui proposer de préparer les siens en échange du port du sac à dos pour le reste du séjour, ce qu'il accepte bien entendu. Pas folle la guêpe.
D'un commun accord, nous entamons l'après-midi tous ensemble, ce qui nous permet d'observer nos amis et leurs techniques. Si Nicolas, bien que débutant, ne demande qu'à progresser, Anna quant à elle a mis au point une technique plus proche de l'optimisation du bronzage facial que de la descente. En effet, plutôt que de glisser dans l'axe de la piste, elle choisit de placer son snowboard perpendiculaire à la descente le visage sous les rayons de notre étoile. Afin de garder son espace vital intact, elle écarte les bras, tel le (Lionel) Messie sur la croix.
Une autre particularité de nos amis, bien pratique est le sac à dos rose bonbon que porte Nico dans son dos et qui nous permet de le repérer sur les pistes et même mieux de s'en servir comme déclencheur pour nos courses.
"- Bon Gabs, quand le sac rose aura franchi le canon à neige et qu'on ne verra plus Nico, ce sera le top départ. Le premier en bas sera bien sûr le gagnant. Veux-tu que je te laisse un peu d'avance ?
- Non non, je vais essayer de faire de mon mieux
- Bon tu feras quand même Gabs à ne pas percuter de petit enfant hein!"
Vous vous doutez bien que j'avais douze fois le temps de m'acheter une bière ou un cornet de frites le temps que Gabs me rejoigne en bas mais je ne désespère pas de le voir s'améliorer d'années en années.
Sous une pression certaine, nous devons arrêter notre journée pour éviter les bouchons qui s'avèrent inexistants en ce deuxième jour de ski.
En arrivant à l'appartement, Suzanne la réceptionniste, nous annonce qu'il y a un problème avec le jacuzzi et qu'il se pourrait que la température soit un peu froide mais que nous pouvons néanmoins profiter du sauna, ce que nous ne nous privons pas de faire.
Nous sommes donc quatre, nos corps transpirant et la chaleur détendant nos muscles et nos organes vitaux dans cette cabane de bois, chaude de 80°C et je me retrouve à nouveau en Suède. C'est d'ailleurs pourquoi je propose de nous la jouer à la nordique en enchainant le sauna avec le spa dont le température n'est que de 20°C. Bon normalement il faut creuser un trou dans la glace mais ça fera très bien l'affaire, me dis-je.
Tout le monde se prête à l'expérience sauf une personne qui a la trouille de plonger son corps dans une eau à 20°C. Par pudeur je ne mentionnerai pas son nom. Je peux juste dire qu'il ne s'agit ni d'Anna, ni de Nico ni de moi.
Nous continuons ensuite le thème du voyage, à savoir l'alimentation équilibrée. Après moult sandwiches, pizzas et tapas, rien de tel qu'une bonne raclette pour remettre de l'ordre dans nos transits intestinaux.

En ce troisième jour, nous laissons à nouveau Nico et Anna souffler un petit peu et skier de leur côté pour basculer du côté de Beret où, incroyable mais vrai, nous nous retrouvons seuls. Pas une personne au télésiège, ni sur les pistes. C'est un régal. Le soleil est éclatant et nous descendons les pistes avec volupté. Gabs a un orgasme sur le télésiège. Entre deux séances de drague des petites espagnoles à l'aide d'une technique un peu douteuse ("OOOOOOOOOOOlaaaaaa como que tal chica ?") il me confie
"- Ah qu'est ce que c'est bon.
-  Tu l'as dit, toi toi mon Gabs!
- Il faudrait se refaire ça chaque année, même jour même heure même moment"
Dernière réplique qu'il balance sur l'air du fameux morceaux de Patrick Bruel.
" - Alors mon petit Gabs, au delà du fait que je serais ravi de faire du ski dans de telles conditions et en ta délicieuse compagnie chaque année et que je passe sur tes références musicales douteuses, les paroles de la chanson c'est même jour même heure même pomme!
- Mais pas du tout! Ecoute, moment ça rentre bien!"
Le fou rire me gagne. Et la lumière arrive. Je repense à cette B.D très drôle de Gotlib, intitulée Si les pommes étaient citrouilles et je trouve le running gag de la fin du séjour. Remplacer le terme pomme par le terme moment à chaque fois qu'il devrait être employé.
Je raconte tout ça à Nico et Anna qui rigolent et décident de s'en donner à coeur-joie.
 "- Bon Gabs en descendant la prochaine piste, tu feras attention, il y a un groupe de petits enfants, hauts comme trois moments et ça serait dommage de les renverser. Il pourraient tomber dans les moments."
"- Ah je viens d'avaler de travers, j'ai super mal au moment d'Adam!"
Bref, la grosse blague à laquelle Gabs, non dénué d'auto-dérision, participe de bon coeur.

Le dernier jour est encore meilleur que le précédent. Nous retournons au secteur Beret qui est encore plus vide que la veille et Nico descend avec nous. Ses progrès sont épatants, il descend déjà plus vite que Gabs et aurait donc sa première étoile facilement. Nous nous en payons en bonne tranche tous les trois jusqu'à tard dans l'après-midi quand le soleil déclinant nous indique qu'il est déjà l'heure de rentrer chez nous et reprendre le cours de nos vies.
C'est donc, avec de belles images en tête que nous nous enfonçons dans le brouillard de l'autoroute qui nous conduira jusqu'à chez nous, nos esprits déjà submergés de nostalgie pour toutes ces bonnes pommes passées tous ensemble,





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